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Reprise de l’exploitation familiale Diversification et agrandissement lors de l’installation

Installé depuis l’automne 2019, Clément Bonneau, âgé de 26 ans, a planté 22 hectares de noisetiers. © Claude-Hélène Yvard

Ayant rejoint l’exploitation familiale en 2019, Clément Bonneau a opté pour la production de noisettes et a doublé sa surface, tout en mesurant les risques financiers.

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«La physionomie de l’exploitation n’a plus grand-chose à voir avec mon projet initial. La surface a quasiment doublé pour atteindre 150 ha de SAU », indique Clément Bonneau, installé, depuis l’automne 2019, à Montpon-Ménestérol, en Dordogne.

Loin du projet initial

À 26 ans, il affiche sérénité et confiance malgré de lourds emprunts et le contexte d’augmentation du coût des matières premières. S’installer était un rêve d’enfant. « Cela a mis plus de temps que je l’imaginais. Je pensais faire aboutir mon projet à la sortie de mon BTS, dès 2015. Mon objectif a toujours été de revenir sur l’exploitation familiale. »

L’exploitation familiale est passée de 80 hectares à 150 ha depuis l’installation du jeune agriculteur. © Clément Bonneau

Poulets de chair

Au moment de son installation, la ferme produit du poulet de chair sous label et standard et du maïs, sur une SAU de 80 ha dont environ 70 ha en propriété. Elle compte cinq bâtiments de volailles (quatre en label et un en standard) pour une production annuelle de 230 000 poulets et 40 000 places.

« Monter mon projet correctement a été plus compliqué que prévu, entre les démarches administratives et les négociations avec les banques. » Une des raisons de ses difficultés tient dans son choix de se lancer dans la production de noisettes (lire l’encadré ci-contre). L’idée paraît saugrenue dans ce coin de Dordogne. Il a fallu convaincre.

La production de volailles assure encore le principal revenu.© Claude-Hélène Yvard

Près de trois ans après son installation, le jeune homme est à la tête de l’exploitation, son père est associé exploitant jusqu’à la fin de l’année, date où il a prévu d’arrêter son activité. Sa mère a fait valoir ses droits à la retraite après avoir été salariée de l’exploitation jusqu’en 2021. « Je me pose des questions sur l’avenir de l’élevage. C’était déjà le cas quand j’ai constitué mon dossier. Nous sommes de plus en plus confrontés aux contraintes écologiques et environnementales, aux crises sanitaires et, aujourd’hui, il y a la guerre en Ukraine avec des incidences économiques. »

Une opportunité

Heureusement, tous les bâtiments sont amortis. « Nous avions envisagé la rénovation complète de l’un d’entre eux, mais nous ne l’avons pas encore faite, par souci de prudence et manque de temps. » Il n’envisage pas, pour le moment, d’arrêter la production de volailles et prévoit l’embauche d’un salarié lors de l’arrêt d’activité de son père.

Son truc à lui, c’est le végétal. « Historiquement, nous avions une production de maïs avec un chiffre d’affaires (CA) qui avoisinait 70 000 à 80 000 €. » L’exploitant a acquis un second site début 2021, où le parcellaire est regroupé. Quelques mois après son installation, il a, en effet, reçu la visite d’un voisin agriculteur en fin de carrière qui souhaitait lui céder ce foncier. « C’était une belle opportunité, presque 80 ha dont 70 ha de terres irrigables. J’ai acheté le matériel et loué les terres. » Une particularité, il y avait dans la cession un séchoir à maïs avec des capacités de stockage intéressantes.

« Je n’ai pas hésité longtemps, car notre élevage a un besoin en paille. Or ces terres, contrairement aux nôtres, permettent de produire du blé. Pour l’instant, il n’y a pas encore de revenus sur la production de noisettes. » À court terme, l’agriculteur y voit le moyen d’accroître son bénéfice sur la partie grandes cultures. Il table sur un CA de 200 000 €. Pour le maïs, il n’ira pas au-delà de 95 ha, le coût de l’irrigation serait trop important, tout comme le besoin en main-d’œuvre.

Davantage d’emprunts

Cet agrandissement n’est pas sans incidence sur les charges de l’exploitation. Avec le doublement de la SAU initiale, Clément a dû revoir son prévisionnel et augmenter ses crédits. « Entre les emprunts réalisés au moment de mon installation et les évolutions, il me reste 500 000 € de capital à rembourser, mais aussi des bénéfices supplémentaires à venir. Certains prêts ont un différé de cinq ans, notamment ceux pour les noisetiers. » Malgré la prise de risque importante, le jeune homme affiche un bel optimisme.

Claude-Hélène Yvard

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